Madame G. est une vieille femme solitaire dont les enfants habitent à l’autre bout de la France. Ce sont eux qui m’ont contactée pour que je fasse le récit de sa vie. Mais ils m’ont prévenue :
– Elle a ses têtes et elle n’est pas toujours commode…
Madame G. est une vieille femme solitaire dont les enfants habitent à l’autre bout de la France. Ce sont eux qui m’ont contactée pour que je fasse le récit de sa vie. Mais ils m’ont prévenue :
– Elle a ses têtes et elle n’est pas toujours commode…
Monsieur R. n’a pas le moral aujourd’hui. Une vieille douleur à l’épaule s’est réveillée et l’a empêché de dormir. Il la sent, tapie dans son articulation. Qu’il s’active dans son petit jardin ou qu’il reste assis dans son fauteuil à regarder la télévision, elle est là. Sourde. Tenace. Pour ne pas dire emm…ante !
– À mon âge, c’est normal d’avoir mal un peu partout, s’excuse-t-il. Mais c’est fatigant.
Ce petit livre paru aux Éditions Fyp s’adresse à tous ceux qui s’intéressent au vieillissement et aux nouvelles technologies. Quoi de plus normal, donc, que de le retrouver sur le blog d’un écrivain public biographe !
Sous-titré Qualité de vie, autonomie, lien social, le livre est tout entier construit autour d’une idée simple, mais finalement peu appliquée : « la technologie ne doit pas infantiliser et isoler les plus âgés, elle doit créer du lien ». Favoriser l’autonomie, la mobilité, le contact. Lutter contre l’isolement, générateur de fragilisation, voire de pathologies.
Sa silhouette mince et fragile traverse le marché à petits pas. Une veste fourrée consciencieusement boutonnée jusqu’au menton malgré la douceur de l’été, il paraît si frêle… Ses yeux bleu clair embués brillent derrière ses lunettes. Il a l’air d’un enfant perdu et c’est d’abord avec la douceur d’une grande soeur compatissante que j’ai envie de m’adresser à lui. Puis je me souviens…
Replonger dans son enfance peut être douloureux. Trop douloureux pour qu’on ait envie de le faire. Pour certains, c’est comme si cette période de leur vie n’avait jamais existé ; elle demeure enfouie, comme sous un couvercle de plomb, enfermée dans le plus étanche des coffres-forts : le cerveau.
L’âge aidant, les choses évoluent pourtant. Untel qui refusait obstinément d’évoquer le moindre souvenir d’enfance se laisse soudain aller à raconter. Par bribes. Comme subrepticement. Le plus naturellement du monde.