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Ambroise est apparu de nulle part, comme il sait si bien le faire, et il se dirige droit vers la tribune. Sans façon, Manue s’écarte pour lui laisser la place devant le micro. Une nouvelle voix, chaude et vibrante, s’élève.
« Êtes-vous prêts ? »
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À l’approche de l’amphi, une rumeur sourde se fait entendre. Comme une sorte de grondement. Le bruit de la fin d’un monde ?
De toutes parts, les étudiants convergent. L’amphi B, aujourd’hui, c’est « the place to be » : l’endroit où il faut être. Même les profs ont l’air d’avoir fait le déplacement : Éloïse en reconnaît plusieurs. Éparpillés au milieu des élèves, ils sont reconnaissables à leur air un peu perdu.
« Élo ! »
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« Laisse tomber, tu me gonfles avec tes questions à la con, marmonne la jeune fille.
— Pardon ? Vous disiez ? questionne un serveur du bar dans lequel elle vient d’entrer.
— Rien, sourit-elle, je parle toute seule !
— Ça arrive à des gens très bien, vous savez ! intervient l’un des clients, un vieil homme au regard brillant. »
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« Ça ne m’étonne pas de lui. Il croit dur comme fer à l’existence d’autres mondes. Il imagine qu’au dernier moment, alors que la Terre sera à feu et à sang, une soucoupe volante arrivée de nulle part va l’emmener sur une autre planète. Comme dans les films de James Bond, où le héros est toujours sauvé à la dernière seconde par un hélicoptère venu on ne sait d’où !
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Tout cela n’est pas terrible pour l’amour-propre, il faut bien le dire. Découvrir qu’on existe en plusieurs exemplaires, chacun ignorant superbement les autres, ce n’est pas exactement ce qu’il y a de plus flatteur pour l’égo…
Les yeux dans le vague, Éloïse se perd dans la contemplation du brouillard de gouttelettes émis par les brumisateurs. D’autres Terres… D’autres elles-mêmes… Ce n’est pas possible ; ça ne peut pas exister ! Mais un doute (à moins qu’il ne s’agisse d’un espoir) émerge en elle : et si c’était vrai, malgré tout ?