Le temps du souvenir

Coffre

Replonger dans son enfance peut être douloureux. Trop douloureux pour qu’on ait envie de le faire. Pour certains, c’est comme si cette période de leur vie n’avait jamais existé ; elle demeure enfouie, comme sous un couvercle de plomb, enfermée dans le plus étanche des coffres-forts : le cerveau.

L’âge aidant, les choses évoluent pourtant. Untel qui refusait obstinément d’évoquer le moindre souvenir d’enfance se laisse soudain aller à raconter. Par bribes. Comme subrepticement. Le plus naturellement du monde.

D’autres, qui ne voyaient tout simplement pas l’intérêt d’évoquer des «vieilleries», ressentent tout à coup le besoin de faire refaire surface à cette période de leur vie.

— Quand j’étais petite…

— Quand j’étais gamin…

Comme il y a un temps pour grandir et un temps pour vivre, il y a un temps pour se souvenir. Et transmettre.

— Il y a dix ans, je ne l’aurais pas fait, me dit Yvonne. Mais maintenant… Il y a des tas de choses qui me reviennent ; alors, il faut que ça sorte !