Rédiger le livre d’une vie, c’est entrer dans l’intimité de la personne. Y entrer, certes, mais jamais de force. Jamais par effraction. En ce qui me concerne, je mets un point d’honneur à ne jamais paraître intrusive, même si je suis amenée à poser des questions pour clarifier le récit. C’est une question de respect.
De toute façon, mon interlocuteur-trice ne me dira que ce qu’il-elle voudra bien me dire. C’est donc lui-elle qui fixe les limites, en se dévoilant autant qu’il-elle le veut, de la façon qui lui convient. Le plus souvent, avec pudeur. À quatre-vingts ou quatre-vingt-cinq ans, même lorsqu’on aborde des sujets très intimes, on garde de la retenue. Ce qui n’empêche pas – bien au contraire ! – l’émotion d’être palpable.
Parfois, on me dit « n’écrivez pas ça ; gardez-le pour vous ! » L’émotion est alors de mon côté : je reçois cette phrase comme un cadeau…