Une femme d’un certain âge vient me voir. Je la sens d’abord hésitante, mais elle finit par s’asseoir. Ouvre son sac, en sort une enveloppe en papier kraft et pose sur la table un tas d’avis d’imposition.
« Je n’y comprends rien », me lance-t-elle d’un air désolé. « À mon âge, vous savez… »
Je vois bien qu’il ne faut pas la brusquer… Alors, tout doucement, je la questionne. Lui demande de m’expliquer.
Je finis ainsi par apprendre qu’elle est veuve depuis peu. Que c’était son mari qui s’occupait de tous ces papiers. Et qu’elle se sent maintenant bien démunie. Elle sait qu’elle a besoin d’aide, mais en même temps, elle ne sait pas trop à qui s’adresser. Parler de ses impôts à une inconnue, ce n’est pas facile. Mais « avec les enfants, ce n’est même pas la peine d’y penser ! »
Ancienne boulangère, elle est toujours propriétaire des bâtiments. Un logement, un local technique, un four… Avec sa maison et une résidence secondaire, les taxes foncières s’accumulent. Pas évident d’y faire face avec une retraite modeste. Il faudrait vendre, mais à qui ? La boulangerie n’est plus aux normes ; il faudrait y faire des travaux, mais elle n’a pas les moyens de les financer. Quant à la résidence secondaire, c’était surtout pour son mari qu’ils l’avaient achetée. Sans lui…
« En tout cas, ce n’est pas normal que je paye autant, je devrais être exonérée. Il faut faire un courrier aux impôts ».
Un simple courrier administratif s’habille de toute une histoire.