J’ai dévoré ce livre de Jean-Christophe Rufin en une soirée. L’histoire de Catherine, quadragénaire française sans histoire qui se prend de passion pour Gil, un jeune homme des favelas, est intense, solaire et violente – comme seuls savent l’être les Tropiques – pour ne pas dire proprement hallucinante. Basée sur des faits réels, elle m’a laissée sans voix, à la limite de la nausée et de l’incompréhension. Mais, connaissant un peu cette région du monde, je ne doute pas une seconde de sa véracité.
À lire pour plonger aux tréfonds de l’âme humaine.
« … cette mer si bleue qu’il n’y a que le sang qui soit plus rouge » : longtemps, cette métaphore énigmatique de Claudel est restée pour moi une simple image poétique. Au Brésil, elle a commencé de prendre un sens inattendu et presque prophétique.
À chaque séjour et sans nécessité, j’avais l’habitude de rendre visite au consul que la France entretient, Dieu sait pourquoi, à Recife. Cette année-là, je trouvai ce brave homme livide et bouleversé. Peu avant mon arrivée, il s’était occupé d’une Française dont il me raconta l’affaire en quelques mots. Nos diplomates sont préparés aux drames, mais guère à ceux de l’amour. Le pauvre consul rougissait. Nous visitions le fort du Brum quand il me fit cette confidence. Les murs blanchis réverbéraient le soleil et la touffeur de l’air pouvait expliquer la suée du fonctionnaire. Je comprenais pourtant qu’une émotion plus profonde en était la véritable cause.
De ce jour, je décidai de tout savoir sur cette femme.