Madame B. m’accueille dans son salon. Ses yeux se posent sur le carton que j’amène et un léger sourire se forme sur ses lèvres. Elle sait bien ce que contient cette boîte : les vingt exemplaires du récit de sa vie qu’elle m’a commandés.
Bien sûr, elle a déjà lu le texte au fur et à mesure de nos séances de travail communes. Elle l’a relu intégralement après le découpage en chapitres et la mise en page définitive.
Elle a aussi validé la composition du cahier couleur de seize pages qui va illustrer les moments forts de sa vie, rappeler le souvenir des gens qui ont compté pour elle. Mais là, ce sont de vrais livres que je lui apporte. Des livres sur lesquels le nom de l’auteur est le sien. Et dont la couverture arbore fièrement une photographie de son village.
Lorsque je lui en tends un, je la sens émue. Elle le saisit doucement. Comme impressionnée. Le retourne entre ses mains. Ose enfin l’ouvrir et le feuilleter.
– C’est très beau, dit-elle simplement.
Puis, avec le sourire de celle qui ne veut pas se laisser gagner par l’émotion :
– Vous avez bien travaillé !
Et c’est ma plus belle récompense.