Ce petit livre de Philippe Torreton m’a été conseillé par l’une des bénévoles de la bibliothèque de mon village. Je n’étais pas convaincue, mais elle avait l’air enthousiaste et le livre promettait d’être vite lu, alors je l’ai pris, en plus de celui que j’avais déjà choisi.
Bien m’en a pris !
« Mémé, c’est ma mémé, même si ça ne se dit plus. Mémé me manque. Ses silences, ses mots simples au Scrabble, sa maison enfouie sous les pommiers et son buffet d’avant-guerre. Ce texte est subjectif, partial, amoureux, ce n’est pas une enquête, ce n’est pas une biographie, c’est ce que j’ai vu, compris ou pas, ce que j’ai perdu et voulu retenir, une dernière fois. Mémé, c’est mon regard de gamin qui ne veut pas passer à autre chose. »
Ce livre est un bijou. De tendresse, selon l’expression du Parisien, mais pas seulement. Un bijou de nostalgie, d’enfance, de retour aux sources et à des valeurs trop souvent oubliées.
La Mémé de Philippe Torreton était née en 1914, en Normandie. La guerre avait marqué sa vie et celle de sa famille. Elle avait toujours vécu avec peu (pour ne pas dire rien) et pourtant elle a assuré le devenir de toute une famille. Nombreuse.
C’était une Mémé de la campagne, habituée à ne rien jeter, à tout réutiliser à de multiples reprises pour ne pas « gâcher ». Une Mémé qui ne savait aimer ni avec des mots ni avec des caresses, mais dont l’amour portait tout le monde autour d’elle.
Bref, une Mémé (ou une Maman) avec un M majuscule, comme vous êtes (nous sommes) nombreux à en avoir connu.
« Rien d’extraordinaire, alors ! » penserez-vous peut-être. Eh bien si…
L’extraordinaire tient dans cette capacité de Philippe Torreton à faire remonter les images et les souvenirs. Si vous avez grandi à la campagne, si vous avez connu l’époque des tables en formica et des postes de radio qui ne diffusaient que sur les grandes ondes, vous voyagerez forcément dans le temps à la lecture de ce livre.
Si vous aimez mes tranches de vie, lisez Mémé. C’est une belle tranche épaisse, de ces tranches de pain de campagne que l’on tartinait de saindoux pour agrémenter la soupe du soir et qui réchauffait le cœur autant que le corps.
C’est surtout l’un des plus beaux témoignages d’amour que j’aie jamais lu.
« Je ne voulais pas qu elle meure avant mes vingt ans, car à vingt ans on est grand, on est un homme et un homme c’est dur à la peine, mémé il faut tenir ! À vingt ans, j’ai repoussé la ‘date de mort acceptable’ à trente. Quand elle a arrêté de respirer pour de bon, j’en avais quarante et je n’étais toujours pas devenu un homme. »
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Ca donne envie, merci de cette jolie critique…
La vie en (presque) rose Articles récents..La Webperlouse du matin n° 10
Bonjour Muriel,
Tant mieux si cela donne envie : je trouve que ce livre mérite vraiment d’être lu par le plus grand nombre. D’ailleurs, je l’ai offert à plusieurs personnes pour Noël 🙂
Florence