Nous nous voyons pour la quatrième fois. Comme à chacune de nos rencontres, nous commençons par faire le point sur le texte existant : il y a toujours de petites corrections à faire, des précisions à apporter…
Souvent, cela nous amène à des ajouts, qui peuvent être conséquents.
Alors qu’elle n’avait griffonné que quelques mots dans la marge de l’impression que je lui avais envoyée par la poste, elle me parle finalement pendant un bon quart d’heure de cette nouvelle tranche de vie.
Les détails apparaissent sur l’écran de sa mémoire, les anecdotes s’enchaînent… Finalement, ce seront plusieurs pages qui seront ajoutées au récit !
Parfois, par association d’idées, elle embraye sur tout à fait autre chose. Nous passons ainsi de sa toute première douche, aux bains municipaux, à l’âge de trente ans, à une histoire de bombardement pendant la Seconde Guerre mondiale.
– Je mélange tout ! se désole-t-elle. Qu’est-ce que vous allez bien pouvoir faire de tout ça ?
En souriant, je la rassure : c’est normal de « tout mélanger ». Notre mémoire n’est pas une succession de boîtes d’archives bien rangées et soigneusement étiquetées ; c’est une prairie fleurie où des plantes qui ne se ressemblent absolument pas prospèrent côte à côte.
C’est d’ailleurs ce joyeux mélange qui en fait tout le charme et lui donne toute sa saveur.
Au fil de nos rencontres, en parcourant cette prairie, nous cueillons ensemble un certain nombre de fleurs. Certaines sont grandes, lumineuses et colorées ; d’autres plus petites, ternes ou un peu abîmées.
Mon travail (et c’est tout l’intérêt de travailler avec un biographe professionnel !) est d’utiliser ces fleurs pour construire un bouquet harmonieux et représentatif de la prairie d’origine. Avec toute sa diversité 🙂
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