Vous l’aurez peut-être compris à la lecture du titre, c’est à une réflexion sur la vitesse que je vous invite aujourd’hui. Mais rien à voir avec la vitesse au volant !

Non, il serait plutôt question de rythme. De rythme de travail pour la réalisation d’un récit de vie.

Pour ma part, je n’aime pas brusquer les choses. Je préfère m’adapter à mes clients. Souvent âgés, ils ont connu l’époque où les saisons rythmaient la vie de tous les jours, où l’on prenait le temps. Le temps de la marche, le temps de l’entraide.

Ils ont connu le monde de la lenteur et qu’ils le veuillent ou non, souvent, leur corps les y ramène. Parce qu’à de rares exceptions près, à quatre-vingts ans on ne se meut pas avec la même rapidité, la même souplesse qu’avant.

Alors entre deux rendez-vous, il se passe la plupart du temps deux semaines.

Chaque entretien dure une ou deux heures. Plus souvent deux qu’une. Et plus souvent deux et demie (le temps, en plus, de boire un café et de manger un petit gâteau ^^) que deux. Autant dire qu’après, j’ai besoin d’une grosse journée de travail pour rédiger, et surtout constituer un tout cohérent à l’aide des fragments qui m’ont été proposés.

Mais ce n’est pas cela le plus long.

Le plus long, ce qui prend le plus de temps, c’est la relecture et la digestion, par le client, de ce que je lui fournis. Ils le disent tous :

– Ça remue beaucoup de choses…

Il y a quelque temps, en faisant un peu de veille sur Internet, je suis tombée sur un site qui proposait la réalisation de biographies, en concentrant l’ensemble des entretiens sur un ou deux jours. Cela m’a interloquée, interrogée.

Les partisans de cette méthode expliquent qu’elle présente l’avantage d’une dynamique (quand on est lancé, on ne s’arrête plus !) et qu’elle permet de trouver une place pour les entretiens dans tous les emplois du temps, même les plus serrés.

Peut-être, mais quid de tout ce qui a besoin de temps et de plusieurs sollicitations de la mémoire pour ressurgir ? Et dans quel état psychologique peut bien se trouver ensuite la personne que l’on a à ce point essorée ?

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