L’une de mes clientes évoquait régulièrement les difficultés qu’elle avait à laisser les autres faire à sa place.

Toute sa vie, elle avait été aux petits soins pour les autres. Toujours prête à les aider, à prendre en charge le maximum de tâches pour qu’ils n’aient à se préoccuper de rien. Mais le temps avait passé et elle était devenue une vieille femme fragile.

Petit à petit, elle avait dû apprendre à ne plus faire les choses elle-même. À passer la main. Cela ne s’était pas fait sans difficultés : sa fille pouvait en témoigner.

– Je suis devenue une charge… se désolait la vieille dame. Moi qui étais si leste, qui aimait le sport, je ne peux même plus marcher toute seule !

La famille s’était organisée pour qu’elle garde le plus d’autonomie possible, tout en limitant les risques : elle habitait une petite maison indépendante à proximité du logement d’une de ses petites-filles, avec laquelle elle passait la plupart de ses soirées.

– Je suis bien… mais je regrette mon appartement.

De petit pas en petit pas et de perte en oubli, la vieillesse ampute de beaucoup de choses. Des souvenirs qui s’effacent, des gestes qui deviennent impossibles : chacun de ces petits bouts de soi qui s’éloignent attise les regrets.

En cette semaine bleue, essayons de ne pas l’oublier et d’accueillir sereinement la mauvaise humeur et l’aigreur qui accompagnent souvent les lâcher-prises difficiles…

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