On ne le répétera jamais assez : le pouvoir de la parole est immense. Dire les choses peut être facile ou difficile selon les cas et les personnalités. Mais ce n’est jamais sans conséquences. Positives, le plus souvent.
Ces conséquences sont un effet secondaire du récit de vie. Un bonus en général inattendu.
Se raconter, comme me le dit une vieille dame avec laquelle je travaille en ce moment, c’est « revivre un peu » les choses. Les ramener à la surface de sa mémoire.
Notre cerveau est ainsi fait qu’il ne voit pas vraiment la différence entre ce que nous vivons au présent, les images que nous faisons revivre de notre passé et celles que nous imaginons pour l’avenir. Pour lui, elles ont toutes autant d’importance et de consistance.
Raconter ses souvenirs, c’est redonner des couleurs à d’anciennes images. C’est retrouver des sensations. Mais c’est aussi poser un regard neuf sur les choses, les voir sous un autre angle et les comprendre différemment.
Les digérer, aussi.
Alors, raconter sa vie, toute sa vie, même et surtout les épisodes douloureux, permet souvent de repartir d’un bon pied. De se sentir mieux. Comme si le fait d’avoir parlé avait eu pour effet de se soulager d’un poids.
Parfois, on ne s’en rend pas compte tout de suite. On se sent tellement vidé, secoué, qu’on a au contraire l’impression de s’être fait du mal. Il faut alors un peu de temps pour que les choses se décantent.
D’autres personnes, au contraire, ressentent tout de suite les effets positifs de la parole émise.
« Vous m’avez fait beaucoup de bien ! » me dit-on parfois.
Cela me fait plaisir, même si je sais que je n’y suis pas pour grand-chose : c’est le fait de parler et de se sentir écouté qui fait du bien à mon interlocuteur, pas moi en tant que personne.
Alors quand on ajoute « vous êtes un peu ma psychanalyste », je tiens à remettre les pendules à l’heure : oui, j’écoute avec attention, mais je ne fais rien de plus. Je ne suis absolument pas thérapeute !
Chacun son métier… les vaches seront bien gardées 🙂
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bonsoir florence,
je suis en partie d’accord avec ta répartie »je ne suis pas thérapeute! », mais moi qui l’ai été et qui suis maintenant écrivain public/biographe, je me rends compte à quel point la frontière reste très fragile entre ces deux métiers; il me semble que tout dépend de ce que la personne qui se raconte met dans tout ça…et je vois des personnes évoluer et changer de positionnement(ce qui est le propre de la thérapie: »changer son regard sur les choses »)au fur et à mesure de l’avancée de leur biographie…et je pense sincèrement qu’une biographie peut aider à se réconcilier avec son passé et à en guérir, au même titre qu’une thérapie…
« biographiquement vôtre »
Mireille
Bonsoir Mireille,
Un grand merci pour ton commentaire : c’est intéressant d’avoir le point de vue de quelqu’un qui connaît les deux postures.
En fait, il confirme mon ressenti, à savoir que la démarche biographique peut bel et bien avoir un effet thérapeutique. Ce qui ne m’empêche pas de revendiquer le fait de n’y être pour rien… ou si peu !
Florence