Cette histoire a commencé là : http://www.amotsdelies.com/blog/2013/07/andre-1/
Entre-temps, à Argy, Solange a reçu une lettre de son frère. Elle est très fière qu’il ait choisi de lui adresser ses premières impressions d’apprenti soldat. Bien sûr, les nouvelles qu’il donne sont destinées à toute la famille… Mais c’est à elle que la lettre est adressée :
« Chère frangine… »
S’ensuit le récit de son voyage jusqu’à Fay-Segry et la description des conditions de vie au camp. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’André semble avoir perdu une bonne part de l’enthousiasme qui l’habitait au moment de monter dans le train…
« Un camp militaire, ce n’est pas un lieu de villégiature » fait remarquer le père.
Solange se rassure en se disant que de toute façon, dès la fin de son mois de classes, André quittera cet endroit pour intégrer la base aérienne où il a été affecté. Alors, il vivra au milieu des avions, comme il en a toujours rêvé : à huit ans, déjà, il avait choisi un dessin de biplan pour servir de cadre à sa photo d’école !
Jeudi 8 mars 1945. Une semaine tout juste après son départ d’Argy et son arrivée au camp, André est transféré à l’hôpital d’Issoudun.
Il a déjà passé deux jours et demi à l’infirmerie où, pour tout soin, on lui a appliqué douze ventouses dès le lundi, mais son état n’a fait qu’empirer. Une bronchite sévère le prive de toutes ses forces.
Deux de ses camarades sont transférés en même temps que lui. Ils ne sont pas fâchés de quitter Fay-Segry.
« J’ai été soigné presque comme un chien » écrira André à ses parents par la suite.
À l’hôpital, comme partout ailleurs, les médicaments font défaut. Alors, on s’occupe d’abord du moral des malades. C’est ainsi que des dames de l’assistance sociale viennent distribuer quelques douceurs : un petit paquet de sucre, des pommes, des petits gâteaux…
André, pour sa part, est mis au régime liquide. Tisanes, tilleul, café, potions diverses et variées constituent son ordinaire.
Ensuite, pour tenter de libérer ses bronches encombrées, les infirmières lui appliquent dans le dos des enveloppes de moutarde. Rien n’y fait : son état s’aggrave. Après la quatrième enveloppe, son dos est littéralement brûlé et sa bronchite s’est transformée en broncho-pneumonie.
On fait prévenir ses parents.
Le maire d’Argy leur trouve un taxi pour qu’ils puissent venir voir leur fils à l’hôpital. Solange restera à la ferme et s’occupera des bêtes avec l’aide d’un oncle qui habite au village.
À leur retour, ni le père ni la mère ne lui parlent d’André. Elle voudrait tellement savoir, pourtant ! Comment il va, s’il a mal, s’il pense à elle, s’il regrette de s’être engagé… Mais en bonne jeune fille discrète qu’elle est, elle n’ose poser aucune question.
Une cousine, qui travaille à la poste, appelle Issoudun tous les jours, mais l’hôpital ne distille les informations qu’au compte-gouttes. Jusqu’à ce 16 mars.
À suivre…