Cette histoire a commencé là : http://www.amotsdelies.com/blog/2012/12/les-15-derniers-jours-1/
Tout cela n’est pas terrible pour l’amour-propre, il faut bien le dire. Découvrir qu’on existe en plusieurs exemplaires, chacun ignorant superbement les autres, ce n’est pas exactement ce qu’il y a de plus flatteur pour l’égo…
Les yeux dans le vague, Éloïse se perd dans la contemplation du brouillard de gouttelettes émis par les brumisateurs. D’autres Terres… D’autres elles-mêmes… Ce n’est pas possible ; ça ne peut pas exister ! Mais un doute (à moins qu’il ne s’agisse d’un espoir) émerge en elle : et si c’était vrai, malgré tout ?
« Mais elle est où, Primaterra ? »
Sa question reste en suspens : il n’y a plus personne avec elle dans la serre.
Une fois encore, Ambroise a disparu…
« Il faut que je voie Jérémy. Tout de suite ! »
Trop impatiente pour attendre l’ascenseur, Éloïse grimpe quatre à quatre les marches de l’escalier qui mènent au troisième étage. Un coup d’œil à la porte de son appartement, au passage, la rassure. Elle ne saurait dire pourquoi, mais l’image de cette porte tranquillement fermée lui fait du bien. Rien n’a changé. Tout est comme avant. Avant sa visite au jardin botanique et sa rencontre avec Ambroise.
Comme rien n’a changé (d’ailleurs, pourquoi est-ce que ce serait le cas ?) Jérémy répond à son coup de sonnette de son habituel
« Entrez ! C’est ouvert ! »
Il n’a pas le temps de finir que la jeune fille est déjà à l’intérieur. Essoufflée, Éloïse se laisse tomber plus qu’elle ne s’appuie sur la porte qu’elle vient de refermer.
« Qu’est-ce qui t’arrive ? s’inquiète son ami. On dirait que tu viens de voir le diable en personne !
— Le diable ? Tu sais bien qu’il n’existe pas, s’amuse la jeune fille presque malgré elle. Je viens de monter les escaliers en courant, c’est tout.
— T’étais tellement pressée de me voir ? se moque Jérémy à son tour. »
Mais Éloïse n’a plus le cœur à rire.
« Oui », dit-elle simplement.
Jérémy étudie le dessin industriel. Il a toujours des croquis étalés un peu partout dans son salon. Sa table à dessin occupe aussi une grande partie de la pièce. Pendant qu’il s’affaire à la cuisine à préparer du café, Éloïse laisse son regard errer sur les feuilles éparpillées.
Un dessin différent des autres attire son attention. Ce qu’il représente a tout de la soucoupe volante.
« Ce truc me dit quelque chose… »
L’image lui est familière. Comme si elle l’avait déjà vue. Ce qui la plonge dans une gêne perplexe : où aurait-elle pu voir une soucoupe volante ?
« C’est quoi ? demande-t-elle à Jérémy lorsqu’il réapparaît, deux tasses de café en main. Un prototype de vaisseau spatial ? Tu te lances dans la chasse aux extra-terrestres ?
— Bien sûr, répond le jeune homme, pince-sans-rire. Tu veux m’accompagner ? Je pars la semaine prochaine. Le 21, très exactement. Le décollage est prévu à 0 h 00, juste avant la fin du monde. »
Son ton tout ce qu’il y a de plus sérieux ébranle la jeune fille.
« Tu te moques de moi ? articule-t-elle péniblement.
— Évidemment que je me moque de toi ! Enfin, Élo, qu’est-ce qui t’arrive ? Tu crois aux extra-terrestres, toi, maintenant ?
— Je crois que je ne sais plus trop où j’en suis… Tu te souviens d’Ambroise ?
— Évidemment que je m’en souviens ! D’abord, un prénom pareil, ça ne s’oublie pas. En plus, on l’a cherché ensemble, je te rappelle ! Jusque dans les dossiers de la fac et les revues de la bibliothèque !
— Je sais… Je viens de le rencontrer, au jardin botanique.
— Au jardin botanique ? Qu’est-ce que t’étais allée foutre là-bas ?
— Ce n’est pas la question… Je te parle d’Ambroise ! »
Au moment de tout raconter à son ami, la jeune fille hésite. Jérémy va la prendre pour une folle, c’est sûr… Cette histoire de Primaterra, juste après avoir parlé d’extra-terrestres… Mais Jérémy la prend de vitesse.
« Il est bizarre, ce gars. Quand je l’ai vu, forcément, on a parlé de cette histoire de fin du monde…
— Pourquoi forcément ?
— On était à la bibliothèque, dans la section consacrée aux civilisations précolombiennes… La moitié des livres y sont consacrés aux Mayas !
— Au temps pour moi, j’avais oublié…
— Eh bien, il m’a tout de suite dit qu’il ne croyait pas un mot de cette prophétie. Pourtant, il avait l’air d’en connaître un rayon sur la culture maya… et même de l’estimer beaucoup !
— C’est bizarre, en effet… »
D’autant plus bizarre qu’Ambroise vient juste de lui tenir un discours résolument inverse. Alors où est la vérité ?
Éloïse se perd en conjectures en tournant la cuiller dans sa tasse de café… Mais Jérémy la ramène à la réalité en lui montrant le dessin qu’elle a posé à côté d’elle.
« Ça représente bien une soucoupe volante. C’est un croquis que j’ai fait pour un copain grapheur qui voulait participer à la réalisation d’une fresque le week-end dernier.
— Sur les murs du grand amphi ?
— Oui. Tu l’as vue ? »
Éloïse hoche la tête. Et comment, qu’elle l’a vue ! La soucoupe y était bien, avec Ambroise à l’intérieur.
« Ton copain a représenté des passagers dans la soucoupe. »
Jérémy sourit.
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