Aujourd’hui, c’est la Toussaint. Un jour férié comme les autres. Que l’on peut réduire à son aspect chômé, mais qui a aussi une vraie signification.
Fête de tous les saints, le 1er novembre, qui précède d’un seul jour la fête des morts, a fini à l’usage par la remplacer. C’est donc un jour pour se souvenir des morts. Tous les morts, mais aussi, bien sûr, les « siens ». Ceux que l’on a aimés. Ceux qui nous manquent.
Quel rapport avec un arc-en-ciel ?
Enfant, j’accompagnais mes parents dans la tournée des cimetières. Nous respections la tradition d’aller fleurir les tombes en cette journée de Toussaint. Je détestais cela.
Les noms inscrits sur les pierres ne me disaient rien : ils appartenaient à des gens que je n’avais pas connus. Aucune émotion ne pouvait me relier à eux. Je ne voyais là qu’une corvée. Une habitude désuète, pour ne pas dire ridicule.
En plus, il ne fallait pas courir. Ni rire, ou même parler fort. Juste marcher lentement, l’air triste, et chuchoter. En tout cas, c’est comme cela que je le ressentais…
Inutile de dire que dès que j’en eus l’autorisation, je cessai de participer à cette visite !
Depuis, bien des années ont passé : une quarantaine. De plus en plus de noms familiers se sont retrouvés inscrits sur des tombes. À commencer par ceux de mes parents.
Alors, aujourd’hui, je pense à eux. Et je perpétue la tradition. C’est une façon de les faire revivre, un peu…
Acheter des chrysanthèmes (souvent jaunes : c’est ma couleur préférée) et les déposer sur les tombes ne me paraît plus ridicule. Certes, ce ne sont toujours que des pierres… Mais elles m’évoquent tellement plus !
Et puis, aujourd’hui, je suis sûre de voir un arc-en-ciel 🙂
Vous ne me croyez pas ? Entrez donc dans un cimetière (ou passez à côté) et regardez ces multitudes de fleurs. Il est là, l’arc-en-ciel : dans ce tapis de couleurs vives qui recouvre la grisaille de la pierre au point de parfois la faire disparaître.
Vous êtes toujours là ? Alors, emplissez-vous les yeux. Laissez venir ce sourire qui monte à vos lèvres… Émerveillez-vous, comme devant un véritable arc-en-ciel !
Toutes ces fleurs qui ensoleillent ce premier jour de novembre, même si elles ne cachent aucun chaudron rempli d’or, vous enrichissent du souvenir des gens que vous avez aimés.
Comment ne pas s’en réjouir ?
Salut Florence,
Tu as l’art et la manière de me renvoyer à ma propre histoire ! Bizarrement, je disais à mon mari aujourd’hui de ne pas forcer les enfants (qui sont grands) à venir avec nous fleurir les tombes, parce que comme cela a été le cas pour moi, cela ne signifie pas grand chose pour eux (même s’il s’agit des grands-parents qu’ils ont à peine connus).
Nous irons donc demain, à présent que nous aussi avons acheté des chrysanthèmes jaunes choisis pour leur éclat.
Je ferai attention à l’arc-en-ciel en repensant à ton message !
Patricia
Bonjour Patricia,
J’imagine que c’est finalement l’histoire de beaucoup de monde. Quand on est enfant et qu’on n’a pas connu (ou peu) les gens qui sont enterrés, on ne peut rien ressentir de particulier… sauf un désintérêt total pour la visite au cimetière.
Pour changer de vision des choses, il faut avoir été confronté au décès d’un proche. L’âge n’a finalement pas grand-chose à voir là-dedans : ma fille de 15 ans, qui aimait beaucoup sa grand-mère morte il y a un an et demi, est toujours d’accord pour m’accompagner sur sa tombe. Bon, étant donné l’éloignement, cela n’arrive qu’une ou deux fois par an…
Florence
Bonjour Florence.
A partir d’aujourd’hui mes visites au cimetière seront plus colorées grâce à votre arc-en-ciel.
Elles auront un nouveau sens qui viendra s’ajouter à celui qu’elles avaient déjà.
Bonjour Marie,
Je suis ravie d’avoir pu vous donner ce nouvel éclairage 🙂
Certes, il est difficile de s’émerveiller devant cet arc-en-ciel lorsqu’on est en période de deuil, mais quand le temps a passé, toutes ces fleurs colorées donnent une vraie douceur à nos visites. En tout cas, c’est comme cela que je le vis !
Florence