Le début de cette histoire se trouve ici.
Marco s’était levé d’un bond. Jeté sur la porte qu’il bourrait maintenant de coups de pied. Au bruit, Jimmy et Anna étaient sortis de la cuisine. Le garçon mordait à belles dents dans une cuisse de poulet grillé. Sa compagne tenait encore en mains le couteau qui lui avait servi à découper la bête.
En un instant, nous nous étions retrouvés tous les trois autour de Marco, à essayer de le calmer. Mais il était costaud, l’animal ! Son programme chargé de musculation avait porté ses fruits.
— Elle ne t’a rien fait, cette porte ! s’emporta Anna. Ce n’est pas de sa faute si tu ne peux pas sortir !
Comme giflé, Marco s’arrêta net. Se tourna vers elle, l’air tellement menaçant qu’elle ne put s’empêcher de reculer.
— Doucement, Marco. Ne t’énerve pas, lui dis-je. Elle a raison : ce n’est qu’une porte.
— Qu’une porte, ouais ! Sauf que si elle n’était pas là, on serait dehors et on pourrait vivre normalement !
— Si on était dehors, on serait tous morts, rectifia Jimmy laconiquement.
— Qu’est-ce que tu en sais ? s’énerva Marco. Tu y es allé, dehors, pour pouvoir en parler ? Si ça se trouve, ce qu’on nous raconte à la radio, c’est que des conneries !
Jimmy haussa les épaules sans répondre… ce qui eut le don d’énerver encore plus Marco. Il allait se jeter sur le jeune homme, quand…
— Merde !
Sans réfléchir, Anna s’était interposée entre les deux hommes. Oubliant complètement qu’elle n’avait pas lâché son couteau de cuisine… Et maintenant, Marco gisait par terre, le couteau planté dans le ventre.
En l’espace d’une heure, il s’était complètement vidé de son sang. Nous étions restés là, autour de lui, comme paralysés. Jusqu’à ce que sa mort soit devenue évidente. Alors Jimmy m’avait aidé à porter le cadavre jusqu’au destructeur de déchets : on ne pouvait pas le garder dans l’abri.
Nettoyer le sang n’avait pas été chose facile. Nous n’avions pas complètement réussi, d’ailleurs : il restait une énorme tache par terre. L’ombre de l’homme qui avait partagé notre quotidien pendant tout ce temps. Du coup, nous avions réaménagé la pièce. Un tapis masquait désormais l’endroit où Marco était tombé.
Les jours suivants s’étaient déroulés dans une drôle d’atmosphère. Jimmy et Anna m’évitaient. Quand nous nous retrouvions ensemble dans la pièce d’accueil, un silence lourd régnait. Lourd de non-dits, de culpabilité, de gêne. Et puis tout était redevenu comme avant. Sauf que Marco n’était plus là.
Quand le 31 décembre arriva et que le speaker de la radio nationale nous souhaita une bonne année 2049, nous étions assis tous les trois dans les fauteuils. C’est d’abord Anna qui se mit à rire. Un rire dur, écorché, mais irrésistible, qui la secouait d’éclats douloureux semblables à des quintes de toux de tuberculeux. D’abord interloqué, Jimmy ne tarda pas à l’imiter. Moi, je me demandais encore s’ils n’avaient pas perdu la raison quand je me rendis compte que des soubresauts agitaient ma poitrine. Le rire qui s’échappa alors de ma gorge me fit peur.
— Une bonne année ! articula péniblement Anna en se tenant les côtes. Mort de rire !
— Lol ! ajouta Jimmy. C’est trop drôle !
Tu parles, me dis-je en moi-même, ce qui est surtout hilarant, c’est que nous sommes tous devenus fous.
Pourtant, c’est en continuant de rire ensemble que nous avons finalement trinqué à la nouvelle année.
Quelques semaines plus tard, il y eut ce drôle de message à la radio :
— Citoyens, citoyennes, le temps de la réclusion est terminé. Vous êtes libres ! Ouvrez les portes, sortez au grand air et profitez du soleil !
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Et laissez un commentaire pour dire ce que vous avez aimé 🙂
Extrrrrrrêment hâte de lire la suite ! 😉
Bonjour MarieBo,
La suite arrive… et grâce à toi, je pense que l’histoire va s’allonger 😉
À bientôt
Florence
Oui, la suite ! 😉
Jean-Philippe Articles récents..La femme sans peur (11)
Bientôt 🙂
Mais je me demande encore comment tout cela va finir 😀
Florence