Je viens de finir cet excellent livre de Delphine de Vigan, qui a toute sa place dans la liste de mes coups de cœur de lecture.
Ce n’est pas le premier livre de cet auteur que je lis, pas le premier non plus qui me touche : je vous avais parlé il y a… trois ans déjà ! de Rien ne s’oppose à la nuit.
No et moi est très différent et ne m’a pas bouleversée de la même façon, mais il m’a tout autant touchée. Pour d’autres raisons !
« Elle avait l’air si jeune. En même temps il m’avait semblé qu’elle connaissait vraiment la vie, ou plutôt qu’elle connaissait de la vie quelque chose qui faisait peur. »
Adolescente surdouée, Lou Bertignac rêve d’amour, observe les gens, collectionne les mots, multiplie les expériences domestiques et les théories fantaisistes. Jusqu’au jour où elle rencontre No, une jeune fille à peine plus âgée qu’elle. No, ses vêtements sales, son visage fatigué, No dont la solitude et l’errance questionnent le monde. Pour la sauver, Lou se lance alors dans une expérience de grande envergure menée contre le destin.
Mais nul n’est à l’abri…
Ce livre est donc l’histoire d’une rencontre et d’un combat. Rencontre entre deux jeunes filles que tout semble opposer : Lou, 13 ans, scolarisée en 2nde avec deux années d’avance, et No, 18 ans, qui vit dans la rue. Combat de Lou pour « enrayer le cours des choses ».
Vous l’aurez sans doute deviné : Lou va tout faire pour que No change de vie. Elle convainc ses parents, puis son ami Lucas, de l’aider. Parce qu’il y a des choses qu’elle n’accepte pas :
On est capable d’envoyer des avions supersoniques et des fusées dans l’espace, d’identifier un criminel à partir d’un cheveu ou d’une minuscule particule de peau, de créer une tomate qui reste trois semaines au réfrigérateur sans prendre une ride, de faire tenir dans une puce microscopique des milliards d’informations. On est capable de laisser mourir des gens dans la rue.
J’ai lu beaucoup de chroniques et de commentaires sur ce livre, après l’avoir lu. Parce que j’en avais aussi lu avant et qu’aucun ne mentionnait ce qui m’a le plus époustouflée et émue. Et je ne l’ai toujours pas trouvé. Ce qui illustre bien le fait que le lecteur ne voit jamais dans un livre que le reflet de ce qu’il connaît déjà…
La plupart des commentateurs sont touchés par la relation entre No et Lou, par le tableau qui est dressé de la vie d’une très jeune fille dans la rue. Moi, ce qui m’a vraiment impressionnée, c’est la façon qu’a Delphine de Vigan de donner à voir la précocité intellectuelle. De l’intérieur.
Lou, à sa façon, est tout aussi inadaptée que No, avec son cerveau qui ne s’arrête jamais, avec les questions qu’elle se pose sur tout tout le temps, avec son allergie viscérale à l’injustice, son absence au monde qui peut frôler l’autisme, sa froideur d’analyse, son incapacité à mentir et à faire semblant…
J’ai découvert que No et moi était au programme de certaines classes de collège. Mais sa lecture fera aussi beaucoup de bien à tous les zèbres (comme on dit maintenant), quel que soit leur âge, qui se sentent tellement différents des autres qu’ils ont l’impression de venir de Pluton (parce que Mars n’est pas assez éloignée de la Terre) : ils s’y reconnaîtront assurément. Peut-être alors se sentiront-ils moins seuls.
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C’est marrant, je viens de lire cette semaine un article sur les zèbres et j’ai commencé des recherches sur ce sujet…
Bonjour Sophie,
Tu vas trouver plein de choses : maintenant, il y a des tas de ressources sur ce sujet. À commencer par l’excellent blog Les tribulations d’un petit zèbre : http://les-tribulations-dun-petit-zebre.com/ Un excellent point de départ si tu découvres le sujet !
Bonne chasse 🙂
Florence
Bonjour ! Première fois que j’entends parler des zèbres. Un concept plutôt tendre pour parler des surdoués. Belle idée. Pour ce qui est du livre, il semble assez intéressant, et c’est une bonne idée de le faire lire aux classes de collège. Peut-être permettra-t-il d’éveiller une conscience vers autrui, et de leur donner envie de de changer les choses. Merci pour votre article.
Bonjour Tiphaine,
Bienvenue sur ce blog !
Le concept de « zébritude » est assez récent, mais je trouve aussi que ce terme a une connotation moins rigide et agressive.
En l’occurrence, j’ai surtout été étonnée de voir qu’aucune chronique de ce livre ne relevait cette particularité de l’héroïne, alors que c’est elle, cette zébritude, qui est le socle de l’histoire.
Merci à vous pour votre commentaire 🙂
Florence