Cette semaine, aujourd’hui même, le monde entier semble s’être donné rendez-vous en Normandie pour célébrer le soixante-dixième anniversaire du débarquement du 6 juin 1944. Vous n’avez pas pu passer au travers : tous nos media ne parlent que de cela depuis une semaine…
Enfouies parmi les innombrables articles, reportages, et autres témoignages qui se sont accumulés ces derniers jours, j’ai noté de petites phrases, anodines, auxquelles personne n’avait l’air d’accorder d’importance, mais qui m’ont sauté aux yeux. Ou plutôt aux oreilles !
Dans la bouche de la petite-fille d’un vétéran, c’était :
– Il n’y a que quelques années qu’il s’est mis à raconter.
Dans celle d’un autre vétéran :
– Je n’étais jamais revenu depuis 1944…
Ou encore :
– Mes souvenirs sont de plus en plus précis.
Toutes ces petites phrases me renvoient à mon quotidien de biographe. À ces personnes âgées qui s’étonnent de retrouver dans leur mémoire des images de plus en plus précises de leur enfance, comme si le temps qui passe les faisait remonter à la surface.
À ces autres qui me disent que, ne serait-ce que dix ans plus tôt, elles n’auraient pas pu, ou su, ou voulu raconter ce qu’elles évoquent avec force détails devant moi.
Comme si les souvenirs avaient besoin de sommeiller pendant des décennies au plus profond de nous pour s’épurer, se décanter, et finalement s’évader par la parole. Débarquer, en somme.
On dit que les voies du Seigneur sont impénétrables ; les chemins de la mémoire, pour leur part, continuent jour après jour de m’émerveiller !
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