Saint-Valentin oblige, mon billet d’aujourd’hui va parler d’amour. D’amour mis en mots… et parfois bien mis à mal !
S’il est une légende qui a la vie dure en ce qui concerne le métier d’écrivain public, c’est bien celle de la déclaration d’amour ou de la lettre enflammée commandée par un amoureux ou une amoureuse (mais la légende veut que ce soit plutôt un homme) en manque d’inspiration ou mal à l’aise avec l’écrit.
Cette légende est-elle fondée ?
J’imagine que la demande existe. Après tout, depuis la célèbre pièce d’Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, la pratique a été, sinon vulgarisée, du moins déposée dans l’inconscient collectif. Faire écrire ses mots d’amour par quelqu’un d’autre était donc possible !
Dans la réalité de la pratique d’aujourd’hui, je connais peu d’écrivains publics qui ont reçu ce genre de demande. Il y en a, mais je n’en fais pas partie. Il est vrai que je ne communique pas là-dessus, au contraire d’autres professionnels. Ce n’est pas un hasard : j’avoue que l’idée me dérange.
Si Cyrano pouvait tellement bien écrire ou parler à la place du jeune Christian, c’est qu’il éprouvait les mêmes sentiments que lui et qu’il connaissait parfaitement la destinataire du message. Ce ne peut pas être le cas d’un écrivain public !
Certes, c’est son métier de se mettre à la place du signataire des missives qu’il rédige et il trouvera certainement quelque chose à écrire à une belle inconnue, pour peu que l’amoureux daigne bien lui en parler un peu… Mais est-ce suffisant ?
Et surtout, n’y a-t-il pas trahison manifeste ?
Pour ma part, je préfère un discours malhabile, des mots mal choisis ou à peine prononcés, mais qui portent la marque de leur auteur. Celui qui aime. Réellement. Pas un imposteur.
Bref, si vous me demandez de rédiger une lettre d’amour pour vous, attendez-vous à ce que je refuse !
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