Cette histoire a commencé là : http://www.amotsdelies.com/blog/2012/12/les-15-derniers-jours-1/
« Quoi ?
— Je suis en train de regarder les archives. Figure-toi qu’il y a bien eu un Ambroise élève à la fac… Un seul. C’était en 1948. Et il étudiait quoi ? Je te le donne en mille, Émile : l’histoire des civilisations ! »
Le jeune homme n’en revient pas.
« Un seul mec avec ce nom-là, tu te rends compte ? En près de cent ans d’archives !
— En même temps, tempère Éloïse, on ne peut pas dire que ce soit un prénom courant. »
Voilà qu’elle se met à jouer le rôle de la cartésienne sceptique, alors que Jérémy s’enflamme. Du jamais vu ! Cet Ambroise est décidément doté d’un pouvoir spécial…
Malgré tout, une conclusion s’impose : ils n’ont toujours aucune espèce d’idée de la façon dont ils vont pouvoir le trouver…
« À moins que… commence Éloïse.
— À moins que quoi ?
— Rien ! Je dois vérifier un truc. À demain ! »
Et la jeune fille disparaît.
Il y a bien longtemps, une certaine Édith Piaf chantait « Je hais les dimanches ». Éloïse n’a jamais compris pourquoi : il n’y a pas plus belle journée que le dimanche ! Un jour où rien n’est comme il faut que ce soit, où les rêves et la liberté envahissent l’espace. Un jour où tout est possible…
Tout sauf retrouver Ambroise.
Un campus d’université, le dimanche, c’est comme Deauville en plein hiver : désert. Un dimanche du mois de décembre, même en 2012, même à douze jours de la fin du monde, c’est encore pire. Il n’y a même pas les feuilles mortes pour voleter et donner une illusion de mouvement, sinon de vie : elles ont toutes été ramassées.
Éloïse n’a pourtant pas pu s’empêcher de venir.
Ambroise ne sera pas là, c’est sûr. Mais c’est ici qu’elle l’a croisé. Deux fois. Alors même si elle ne le voit pas, ici, elle se sent connectée à lui. D’une certaine manière.
D’ailleurs, en parlant de connexion…
#21dec La fin du monde vue par des artistes
Pourquoi préparer le réveillon ? #21dec 🙂
Sur l’écran de son smartphone, le hashtag #21dec s’affiche sporadiquement. Il flotte dans l’air, comme un parfum de rose au printemps. Pas omniprésent, mais suffisamment vif pour devenir obsédant. Il n’y a pas encore beaucoup de personnes qui en parlent, mais on sent que le sujet est dans les esprits.
Sur les murs extérieurs du grand amphi, des dessins ont été réalisés à la bombe pendant la nuit. Ils représentent un immense chaos d’où jaillissent parfois des visages souriants et des bouquets de fleurs. La fin d’un monde. L’espoir d’un autre.
« Qu’est-ce qui pourrait bien émerger de tout ça ? »
Plongée dans sa rêverie, Éloïse ne remarque pas tout de suite le petit groupe qui s’approche. Ils sont une quinzaine. Tous arborent le petit carré de tissu jaune que les messagers ont choisi comme signe de ralliement. Jaune comme l’or tant utilisé par les Mayas.
La plupart sont jeunes, mais il y a aussi deux couples d’une soixantaine d’années. Des baby-boomers, hippies sur le retour, qui ont tout l’air d’arriver directement de Katmandou avec leurs tuniques à franges et leur bandeau dans les cheveux.
Pas étonnant que les messagers ne soient pas vraiment pris au sérieux !
« Ce que les gens ne comprennent pas, c’est qu’il ne faut pas prendre les choses au sens littéral, expose l’un des sexagénaires. Sinon, la fin du monde, ça fait forcément flipper.
— Ou alors ça fait rigoler, intervient une jeune fille qu’Éloïse se souvient avoir croisée dans les couloirs de la fac. On nous a fait le coup tellement souvent, dans l’histoire de l’humanité, que ça ressemble plus à une plaisanterie qu’à autre chose.
— C’est sûr, renchérit une autre. Après le coup de l’an 2000, et le fameux bug qui devait aller avec, c’est dur d’être crédible !
— En attendant, on ne sait pas ce qui va se passer, le 21…
— C’est ça qui est passionnant ! On sait qu’il va se passer quelque chose… Quelque chose de suffisamment important et nouveau pour que ça bouleverse le monde entier ! Mais on ne sait pas quoi. »
Éloïse ne peut s’empêcher d’intervenir.
« On sait qu’il va se passer quelque chose… C’est vous qui le dîtes ! En réalité, personne n’en sait rien. »
À ces mots, tous les membres du groupe se sont tournés vers elle. Ils la regardent avec ce mélange de tendresse et de dédain que les initiés réservent à ceux qui ne comprennent rien.
« Si, répond simplement un jeune homme. On le sait. Depuis les Mayas. Il faut juste accepter d’y croire et de se remettre en question. Les signes sont évidents ! »
Les signes, encore eux. Décidément, même avec ces inconnus, ils la poursuivent… L’agacement envahit la jeune fille. Reportant son attention sur les dessins qui recouvrent les murs, elle se met en devoir d’essayer de les interpréter.
« Eh bien, cherchons-les, ces signes ! » marmonne-t-elle pour elle-même.
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