Les 15 derniers jours (6)

Cette histoire a commencé ici.

Bibliothèque

« Oui ?

— C’est moi, Élo, lance-t-elle en entrant.

— Tiens, tu tombes bien. Je pensais à toi, justement. Figure-toi que je l’ai croisé, ton Ambroise !

— Non… C’est pas vrai !

— Ben si, pourquoi ? Tu croyais que ça t’était réservé ? »

Saisie par le découragement, la jeune fille se laisse tomber sur le canapé de son ami. Alors qu’elle a passé la majeure partie de sa journée à le chercher (sans succès) voilà qu’Ambroise croise, comme par hasard, la route de son meilleur ami !

« Ce mec me rendra folle… » s’agace-t-elle en soupirant.

 

Soudain, un doute l’envahit.

« Et comment tu sais que c’était lui ?

— Un grand black qui s’appelle Ambroise, il ne doit pas y en avoir des milliers, non ?

— Mais comment tu sais qu’il s’appelle Ambroise ?

— Il me l’a dit.

— C’était la première fois que tu le voyais ; il arrive et te dit « salut, je m’appelle Ambroise » ?

— À peu de chose près, oui.

— Et ça ne te paraît pas bizarre, un mec qui se présente, comme ça, alors que tu ne lui as rien demandé ? »

Jérémy la regarde pensivement.

« Tu sais, Élo, c’est toi qui est vraiment bizarre, des fois. Je suis passé à la bibliothèque, ce matin, pour chercher des infos sur les Mayas. Il se trouve qu’il était dans le même secteur que moi. Alors on a discuté. C’est tout.

— Des infos sur les Mayas ? Pour quoi faire ? De quel genre ?

— Tu sais bien, cette histoire de fin du monde dans deux semaines. J’avais envie de voir sur quoi ça reposait en fait.

— Et… T’as trouvé des choses intéressantes ? »

Jérémy hausse les épaules.

« Pas vraiment, non. Enfin, rien de plus que sur Internet. Cela dit, maintenant, on sera bientôt fixé : dans deux semaines, on saura exactement à quoi s’en tenir ! »

 

Tout à coup, le flegme de son ami irrite Éloïse au plus haut point. D’habitude, il a plutôt le don de la calmer. C’est bien pour cela qu’elle est venue, d’ailleurs : elle se sent comme une cocotte-minute sur le point d’exploser !

« Il faut que tu m’aides, lance-t-elle.

— À faire quoi ?

— À trouver Ambroise.

— Décidément, tu fais une fixation… »

Éloïse raconte. La réunion des messagers à la bibliothèque. La présence (furtive) d’Ambroise : juste le temps pour elle de l’identifier et de le perdre de vue. Sa quête effrénée dans tous les bâtiments de l’université pour le retrouver, alors qu’il n’avait apparemment pas bougé de la bibliothèque…

« Ce type est un mystère, murmure-t-elle. Il faut que je le trouve. Que je lui demande ce qu’il fait là. Ce qu’il veut me dire. Je ne peux pas croire que ses apparitions subites soient des coïncidences !

— Tu ne serais pas tombée amoureuse, par hasard ? » se moque Jérémy.

Éloïse hausse les épaules.

« Crois ce que tu veux. J’ai juste besoin de le retrouver.

— OK. Mais tu veux t’y prendre comment ?

— Ben, en fait, je comptais un peu sur toi pour me trouver une idée géniale… En partant du fait qu’il traîne à la fac. »

Un sourire étire les lèvres du jeune homme.

« Tu sais que tu as de la chance ?

— Pourquoi ?

— Je viens justement de trouver le moyen de pirater le système informatique de la fac. Si Ambroise apparaît quelque part dedans, on va le trouver.

— Tu sais quoi, Jérémy ?

— Ouais, je sais : je suis le meilleur ! »

 

Les yeux rivés sur l’écran de son ordinateur, le jeune homme a les sourcils froncés. C’est chez lui le signe d’une concentration intense. Éloïse hésite à le déranger, mais la curiosité l’emporte : elle est trop impatiente.

« Alors, tu trouves quelque chose ?

— Ben, à part les œuvres du fameux Ambroise de Milan répertoriées à la bibliothèque, pas grand-chose, non… En même temps, il n’y a pas eu des tas de gens avec ce prénom. Ambroise Paré, Ambroise Croizat…

— Qui ça ?

— Ambroise Croizat.

— Inconnu au bataillon… C’est qui ?

— Quelqu’un que tout le monde devrait connaître !

— Mais encore ?

— Ministre du Travail et de la Sécurité sociale dans les années 1940. C’est en grande partie lui qui est à l’origine de notre système de santé. Quand il est mort, en 1951, un million de personnes ont assisté à l’enterrement : ça donne une idée de l’importance qu’il a eue.

— Ah oui, quand même… »

Mais tout cela n’aide pas vraiment à retrouver l’Ambroise que les deux jeunes gens recherchent.

« Tu as pu accéder aux fichiers du secrétariat ? demande Éloïse

— Oui. Aucun Ambroise à l’horizon. Ni chez les étudiants inscrits, ni chez les profs.

— C’est bizarre, non ? »

Jérémy hausse les épaules.

« Pas plus que ça. C’est pas parce qu’on l’a vu à la fac qu’il y est inscrit.

— C’est vrai », acquiesce Éloïse.

Après tout, les locaux sont ouverts et accessibles à tous. D’ailleurs, depuis que les messagers tiennent le devant de la scène, il y a de plus en plus de personnes extérieures qui déambulent dans les couloirs. Des journalistes, aussi. Ils sont à l’affût, sinon d’un scoop, du moins d’une information à monter en épingle.

Fin du monde ou pas, il y en a qui ne perdent pas le sens des réalités : tout ce qui peut faire monter l’audience est bon à prendre.

 

« Ah, ben, ça, alors ! » s’exclame tout à coup Jérémy.

À suivre

 

Cette histoire vous plaît ? Vous voulez l’emporter dans votre Kindle ? Téléchargez Les 15 derniers jours sur Amazon. Le texte est au format Kindle et lisible sur n’importe quel ordinateur ou tablette, en téléchargeant l’application Kindle for PC (gratuite) sur Amazon.
Et laissez un commentaire pour dire ce que vous avez aimé 🙂

 

6 réflexions au sujet de « Les 15 derniers jours (6) »

  1. Chère Florence,

    J’ai succombu, j’ai achetu et j’ai lu. (sur amazon.com, because je suis au Québec)

    Mais qu’est-ce que j’ai ri !

    Tu dois m’entendre rigoler de l’autre côté de la grande mare aux canards.

    Excellent ! On s’en reparle, peut-être, vendredi prochain !!!

    Bon, c’est pas tout ça, m’en vais faire des dodos !
    MarieBo Articles récents..Survivre à Noël et au Temps des FêtesMy Profile

    1. Chère MarieBo,

      Je suis ravie d’avoir pu contribuer à ce que tu passes la fin du monde en pleine forme… puisque, comme chacun sait, le rire est excellent pour la santé 🙂
      Tes commentaires / remarques / critiques sont bien sûr les bienvenus. Sans dévoiler la suite de l’histoire ici, s’il te plaît : laissons aux autres le plaisir de la découverte 😉
      Bien bonne journée à toi

      Florence

    1. Merci, Jean-Philippe. J’ai corrigé.
      Mais que deviendrions-nous sans nos lecteurs ? 😉
      Et sinon, pour moi, la plus belle, c’est la B. Sans hésitation 🙂
      Bonne journée

      Florence

  2. Salut Florence,

    Eh bien moi, je fais le choix d’attendre l’arrivée de la suite pour ménager le suspense. Comme cela, j’ai le sentiment que cela donne encore plus de poids et de valeur à chacune des nouvelles parties rédigées.
    Vivement la suite !
    Patricia

    1. Salut Patricia,

      Il en va de la lecture comme des chocolats : il y en a qui se jettent sur la boîte et la finissent tout de suite et d’autres qui préfèrent la déguster à petit dose… On peut aussi, selon le moment, passer d’une approche à l’autre !
      Bonne dégustation 🙂

      Florence

Les commentaires sont fermés.