Je suis dans les bureaux d’une administration. La jeune fille qui s’occupe de la saisie de mon dossier n’a pas vingt ans. Ce doit être un job d’été pour elle.
Arrive la rubrique Profession. La jeune fille marque un temps d’arrêt, puis me regarde.
– Vous êtes écrivain public ?
Dans ses yeux, l’incrédulité se mêle à la commisération.
– C’est plutôt ringard comme boulot, non ?
Je manque éclater de rire : l’image de l’écrivain public attablé dans la rue, rédigeant un courrier à la plume d’oie a décidément la vie dure !
– Ringard ? Vous plaisantez ! Bien au contraire… Il y a des tas de gens qui ont des problèmes pour écrire, ou qui ont besoin de faire corriger leurs textes.
Elle hoche la tête. Acquiesce. Elle-même n’est pas tellement à l’aise avec les mots et pourrait bien avoir besoin de mes services. Pour corriger un mémoire de fin d’études. Elle s’inquiète du coût. S’étonne de mon tarif étudiant. S’enthousiasme… Et en oublierait presque mon dossier.
– Vous avez une adresse mail ? Un site Internet ? Je voudrais en savoir plus.
Alors, ringard, ce boulot, ou pas ?
Bonsoir Florence,
Mal connu sûrement. J’ai eu deux fois le cas d’étudiants étonnés que je refuse de rédiger leur mémoire à leur place. Existe-t-il des limites ? Pour eux, sans doute pas !
Amicalement
Christiane
Bonsoir Christine,
Il y a de tout, chez les étudiants comme chez les autres. Il ne faut pas trop généraliser. Et puis, les limites de ce que nous sommes prêtes à faire, c’est à nous de les poser. C’est tout l’intérêt d’être travailleur indépendant, non ?
Il ne faut pas désespérer 🙂
Amicalement
Florence
N’empêche que, consciemment ou inconsciemment, ce jour-là, tu as fait un beau travail de marketing. 😉
Un peu des deux, je crois puisque, au départ, je n’étais pas là pour faire de la prospection. Mais quand on est passionné par quelque chose, on le défend d’autant mieux et on trouve plus facilement les arguments qui portent. Et après, ça devient un challenge 🙂
Bonjour,
J’ai toujours aimé aider autrui à rédiger lettres et missives pour lesquelles j’ai une facilité souvent déroutante. Pourriez vous me guider, existe t il des livres ou trouver des conseils afin de démarrer ? Vous même, comment avez vous commencé ?
Je vous remercie d’avance pour cet échange.
Bien cordialement.
Christophe.
Bonjour Christophe,
Bienvenue sur ce blog et merci pour ce premier commentaire !
Avant de démarrer, je me suis beaucoup documentée. Notamment sur Internet. Mais également grâce à des livres. Par exemple : Écrivain public – Un vieux métier d’avenir de Geneviève Madou aux Éditions du Puits Fleuri. Il vous donnera une bonne base de départ.
À bientôt
Florence
Voici plus de 25 ans, dans un quartier tout pourri de Bruxelles, près de la gare du Midi (pour ceux qui connaissent), se trouvait une vieille boutique toute sombre, sans aucune publicité apparente si ce n’est la mention « écrivain public ».
J’étais, à chaque passage devant ce lieu, fasciné par cette inscription. Les termes semblent antagonistes, l’écrivain du haut de son talent et le public du quartier, ignorant des bonnes pratiques en matière d’écriture.
Oui cet écrivain avait un rôle social à jouer, pour défendre des personnes face à l’administration ou pour revoir un CV.
Ce n’est pas un boulot ringard, je confirme.
Je suis passé voici deux semaines, ce service a disparu sans laisser de lettres…
Bonjour Philippe,
Merci pour ce commentaire 🙂
En fait, le métier d’écrivain public connaît un vrai renouveau. On ne s’en rend pas forcément compte quand on a l’habitude de l’écrit, mais il est partout et souvent indispensable. Internet n’y a rien changé, au contraire : là où on pouvait facilement téléphoner, on demande de plus en plus de passer par le courrier électronique… et donc l’écrit.
La boutique de Bruxelles a peut-être fermé, mais je suis prête à parier que d’autres écrivains publics y exercent !
Florence