Il n’y a plus de témoins directs de la Grande Guerre, mais les témoins indirects sont encore nombreux. Et parfois en possession de sommes d’information énormes.
Il faut réaliser qu’à cette époque, le téléphone n’existait pas. Alors, on communiquait par écrit. Beaucoup ! D’autant plus souvent que les échanges entre les soldats et leurs familles étaient gratuits : il n’y avait pas de timbre à payer.
J’ai eu l’occasion de voir l’ensemble des courriers échangés entre un poilu et sa femme, restée seule avec deux enfants. Une pile de cartes postales en noir et blanc dont le moindre centimètre carré était occupé ; une autre pile de feuillets minces recouverts de phrases rédigées au crayon de papier. Des centaines de missives qui ont miraculeusement survécu au temps, au décès des deux protagonistes et aux déménagements de leurs enfants… Une correspondance, surtout, qui a pu être reconstituée intégralement parce que le soldat en question est revenu.
Ses cartes postales permettent de le suivre au long de ces années. Des premières images de militaires posant fièrement devant les canons tirés par des chevaux à celles des villages détruits de la Somme, en passant par une vue du lac d’Aix-les-Bains, en Savoie, où il avait été hospitalisé après une blessure, c’est un voyage au pays de la douleur qui se dessine.
Une leçon d’histoire qui vous laisse incrédule et glacé.