Il y a quelques jours, j’ai amené ses livres à Madame B. Le récit de sa vie en vingt exemplaires : un pour elle, un pour chacun de ses enfants et de ses petits-enfants. Elle les distribuera elle-même aux destinataires : c’est son livre. Elle pourra même y ajouter un petit mot manuscrit pour chacun.
Aujourd’hui, c’est l’un de ses fils qui m’appelle. Il vient de recevoir son exemplaire.
– Le livre de Maman est vraiment bien ! lance-t-il, enthousiaste. Avec les pages de photo, c’est… Ça a de la gueule !
Je ris, heureuse que mon travail lui plaise. Heureuse aussi d’apprendre que ce récit lui a permis de découvrir des choses, de mieux en comprendre d’autres… Fière d’avoir mis dans la lumière une femme qui a passé le plus clair de sa vie dans l’ombre des autres.
– Je suis très fier, me dit-il alors, comme en écho à mes pensées. Vraiment heureux que vous ayez fait tout ce travail avec elle.
Et si distribuer du bonheur faisait partie du métier de biographe ?