Cette histoire a commencé là : http://www.amotsdelies.com/blog/2012/12/les-15-derniers-jours-1/
« Ça ne m’étonne pas de lui. Il croit dur comme fer à l’existence d’autres mondes. Il imagine qu’au dernier moment, alors que la Terre sera à feu et à sang, une soucoupe volante arrivée de nulle part va l’emmener sur une autre planète. Comme dans les films de James Bond, où le héros est toujours sauvé à la dernière seconde par un hélicoptère venu on ne sait d’où !
— L’un de ces passagers ressemble à Ambroise. Ça m’a tout de suite sauté aux yeux.
— Oh, tu sais, temporise son ami, rien ne ressemble plus au dessin d’un black qu’un autre dessin de black.
— Oui, c’est sûr. Mais là… Il y avait quelque chose de particulier dans ce dessin.
— Une âme ? »
Éloïse n’en revient pas. Le cartésien Jérémy se met à parler d’âme… Au sujet d’un dessin !
« C’est ça, acquiesce-t-elle. Une âme.
— Mon pote est un artiste. Il y a toujours quelque chose dans ses dessins…
— Et… Pour en revenir à Ambroise… Tu l’as revu, depuis cette fois-là, à la bibliothèque ?
— Non. Pourquoi ?
— Comme ça… C’est très bizarre… Il a une théorie sur le système solaire… »
À cette phrase, Jérémy se lève. Après avoir farfouillé sur son bureau pendant plusieurs minutes, il revient vers Éloïse, un livre à la main. Son titre : Le facteur maya – La voie par-delà la technologie.
« C’est sur les conseils d’Ambroise que je l’ai emprunté à la bibliothèque. Il avait raison : c’est passionnant ! Cette histoire de porte vers le ciel qui va bientôt s’ouvrir me donne vraiment envie d’accélérer le temps ! »
Porte vers le ciel ? Accélérer le temps ? Mais où est passé le Jérémy d’avant ?
« J’ai vraiment hâte d’être au 21, tu sais ! On va vivre un truc pas ordinaire, je suis sûr. »
Éloïse acquiesce doucement en sirotant son café.
Cinq jours. Il reste cinq jours.
Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui, c’est au moment d’aller se coucher qu’Éloïse regarde son calendrier. Elle le décroche même du mur et s’attarde à observer les photos qui illustrent le travail des sapeurs-pompiers…
Demain sera le 21 décembre 2012.
Quelques lignes en-dessous, la date du 25 est inscrite sur fond rouge. D’habitude, c’est sur elle que se focalisent tous les regards. Noël est toujours très attendu. C’est un repère. Un jalon important dans une année. On l’attend avec impatience.
Aujourd’hui, Éloïse devrait être en train de se dire que c’est la veille des vacances. Que dans quatre jours, elle sera en train de réveillonner avec sa famille. Mais 2012 n’est pas une année comme les autres.
Aujourd’hui, Éloïse se dit que cette nuit qui commence sera peut-être la dernière sur cette Terre.
Comment pourrait-elle s’endormir tranquillement, avec une telle idée en tête ?
Une part d’elle-même refuse toujours de croire aux propos d’Ambroise. Cette histoire de Primaterra… Et de clones du système solaire !
« Ce n’est pas pour rien que je n’en ai parlé à personne » se dit la jeune fille.
Qui pourrait avaler ce genre de truc ? Même Manue n’est certainement pas assez loufoque pour cela !
D’ailleurs, tous les experts (du climat, comme de l’astronomie ou des civilisations amérindiennes) s’accordent à le dire : cette hypothèse de fin du monde ne tient pas la route. C’est une erreur d’interprétation.
Le calendrier des Mayas s’arrête à cette date ? Bien beau, déjà, qu’ils aient pris la peine d’aller jusque là : après tout, ils vivaient au xvie siècle !
D’ailleurs, cette date (le 21 décembre 2012) marque tout au plus la fin d’un cycle. Comme le 31 décembre marque la fin de toutes les années. Il n’y a pas là de quoi fouetter un chat…
Mais Éloïse a beau tenter de se raisonner, elle ne peut pas oublier Ambroise. Sa voix, sa manière tellement convaincante de s’exprimer… Ses disparitions… La façon dont il a su s’imposer dans sa vie, mine de rien, l’air de ne pas y toucher…
Il n’y a pas de coïncidences. Juste des signes. Et des rendez-vous à ne pas manquer.
Incapable de rester en place, Éloïse décide d’aller prendre l’air.
Dehors, il y a foule. Manifestement, elle n’est pas la seule à se sentir à l’étroit entre quatre murs !
Une espèce d’excitation générale semble flotter dans l’air. Jeunes et moins jeunes s’interpellent et se bousculent. Les traditionnelles illuminations de décembre n’ont jamais aussi bien porté leur nom, n’ont jamais autant été révélatrices d’une atmosphère.
C’est comme dans une réunion de famille, quand des avis divergents s’expriment avec force : on sent qu’il suffirait d’un rien pour que tout explose.
D’un café bondé, des toasts fusent :
« À la fin du monde ! »
Des voix reprennent en chœur une chanson de Didier Super :
On va tous crever ! On va tous crever ! Y’a la fin du monde qui nous guette et nous, on fait la fête…
Des rires éclatent tout autour, pétillants comme des bulles de champagne, faisant chuter la tension. Éloïse décide de rejoindre le groupe qui a manifestement choisi de profiter du moment présent sans s’inquiéter de ce qui se passera le lendemain.
D’ailleurs, si quelque chose doit arriver le 21 décembre, à quelle heure faut-il commencer à s’affoler ? Quand il sera minuit ? Mais minuit sur quel fuseau horaire ?
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